L’esprit ambivalent, l’homme reprend le travail aujourd’hui. La fin des vacances est toujours désagréable. La reprise d’un quotidien routinier scandé par des horaires imposés lui est devenu insupportable. Ce jour là, cependant, une différence s’est glissée dans son retour à la besogne, l’infiltration d’une attente, étrange sentiment d’espoir mêlé d’appréhension.
Une femme aux yeux noirs, cheveux ondulés jusqu’aux épaules, fine, gracieuse, était entrée dans son bus un matin.
Ces 15 jours passés, il l’a désirée. Une bouffée d’air au bord de mer parmi la foule estivale de la plage.
Arrêt De Gaulle, ligne 24, elle attendait sous l’abri-bus. À la vue du car, elle fit un signe de la main pour le stopper. Il s’arrêta, ouvrit la porte. Elle monta délicatement les marches. D’une voix légère, le visage radieux, elle lui dit bonjour, montra sa carte de transport puis alla s’asseoir sur le siège derrière celui du chauffeur. Leur regard se croisèrent dans le rétroviseur. Les jours suivants, le conducteur de bus la revit à la même heure, la même station. Elle s’installait toujours à la même place, derrière lui.
Après une semaine de ce rituel, il partit en congé.
Toutes les vacances il a rêvé son regard, son sourire, sa voix gracile, son pas élancé. Un désir naissant de la connaître un peu a traversé son esprit, mais il l’a vite éconduit.
Ce matin, le désir est revenu, pressant. Sera-t-elle à nouveau au rendez-vous De Gaulle ? Fera-t-elle son mouvement de main pour l’arrêter ? Prendra-t-elle place au même endroit dans le bus ? Que de questions manifestant son impatience !
Et lui ? Osera-t-il se prononcer pour une invitation ?
Pour une reprise du travail, son cœur frémit, palpitant comme si c’était le grand tournant d’une vie, de sa vie. Il craint de n’oser franchir le cap, de bégayer pour sa demande. Il craint le non en guise de réponse. Ce non qui le ferait rougir de honte, un non impitoyable qui l’abattrait si elle le prononçait.
Frémissant, il se rend au dépôt avec l’espérance d’un rendez-vous prochain. La vie change de couleur, elle n’a pas la saveur aigre-amer de l’avant la rencontre. C’est saisissant.
Il ne fait pas toujours partie de nos lectures régulières dans leur intégralité, le dictionnaire reste, cependant, un recueil fabuleux pour tous les amoureux des mots et expressions. D’autant que celui que je vous propose est un incontournable des fans de Niki De Saint Phalle. J’en suis une. Avoir chez soi « LE PETIT DICTIONNAIRE NIKI DE SAINT PHALLE EN 49 SYMBOLES » de Lucia Pesapane, c’est rendre hommage à l’artiste. J’aime ses Tarots, ses couleurs, sa créativité. Et ses Nanas, porte-paroles qui fonctionnent sur le mode de la dissémination, conquérantes. Elles dénoncent les rôles étroits dans lesquels la société enferme les femmes. Nanas habitées de puissance, de vitalité. Niki invite un monde où les femmes sont des soleils, des héroïnes.
Au Prieuré de St Cosme, le soleil n’était pas au rendez-vous en ces vacances d’avril, mais j’ai trouvé le rayonnement du jour, avec Ronsard qui célèbre le cycle des saisons et des floraisons comme un hymne à la vitalité créatrice de l’homme. Carpe diem, cueille le jour, dit-il.
Le soleil se cache un peu partout !!! Il suffit de le chercher.
Côté accords : la petite règle d’orthographe du mois
Qu’est-ce que l’anacoluthe ?
Une figure de style qui marque la rupture ou discontinuité dans la construction d’une phrase.
Deux exemples pour illustrer cette figure :
« Elle berce et sourit à son enfant. » est une anacoluthe.
Il faudrait dire : « Elle berce son enfant et lui sourit. », ou « Elle parle et sourit à son enfant. ».
Le verbe bercer ne s’emploie pas avec la préposition « à » alors que parler et sourire sont suivis de la préposition « à ».
Autre exemple d’anacoluthe :
« Le roman n’est pas pressé comme au théâtre. »
Il faudrait dire : « Le roman n’est pas pressé comme le théâtre. »
Bonne lecture !
Prof et auteure, Véronique Beauvoit nous émerveillera de ses trouvailles : livres (romans, essais, philo…) et revues. Elles seront toutes accompagnées par une petite règle d’orthographe ou de grammaire pour notre plus grand plaisir.
Rédigé par : Véro Beauvoit